55, plus qu’un moteur, une marque de fabrique…

Fondée à Burgstetten  par deux ingénieurs en 1967, la marque AMG, qui fête ses 55 ans cette année, est d’abord un préparateur spécialisé  dans les véhicules de compétition Mercedes-Benz. Le premier modèle badgé « 55 AMG », dénommé Mercedes-Benz E 55 AMG, est  présenté en septembre 1997.

55 ans après la création d'AMG, le musée Mercedes-Benz de Stuttgart propose une exposition temporaire permettant d’admirer une rétrospective de différents modèles animés par le V8 « 55 AMG » devenu culte.

Un peu d’histoire

En 1967, deux ingénieurs Mercedes-Benz fondent la marque AMG. Il s’agit de Hans Werner Aufrecht et de Erhard Melcher. L’acronyme AMG correspond aux initiales du nom des deux fondateurs et de la ville de naissance d’Aufrecht : Aufrecht, Melcher, Grossaspach. Les deux ingénieurs travaillent dans le département développement du groupe Daimler-Benz où ils préparent des moteurs de course à partir de moteurs de série et notamment celui de la Mercedes-Benz 300 SE type W109.

300 SE (W109)

En 1971, AMG prépare une Mercedes-Benz 300 SEL avec une cylindrée de 6.8 litres. Les 24 heures de Spa (Belgique) sont un succès puisque la 300 SEL  finit 2ème au classement général et 1ère dans sa catégorie. La 300 SEL connait néanmoins une carrière sportive relativement courte en raison de changements de règlementation au sein du championnat. Ce premier coup d’essai en compétition permet cependant d'ores et déjà à AMG de se forger un nom auprès du grand public et de nombreux propriétaires de 300 SEL 6.3 demandent aux deux ingénieurs de préparer leur véhicule. L’activité se développe ainsi rapidement de sorte qu’AMG devient officiellement un Préparateur. 

En 1978, AMG s’installe à Affalterbach, dans la région de Stuttgart, ville qui demeure son siège social.

300 SEL 6.8 

A partir de 1988, AMG et Mercedes-Benz collaborent pour le championnat DTM (championnat allemand de véhicules de tourisme) alors qu’il n’existe à cette époque aucune relation contractuelle entre les deux entités. Aufrecht prend néanmoins rapidement conscience d'une réalité économique :  la compétition ne suffit pas à rentabiliser son entreprise. Fort de ce constat, AMG décide de se consacrer presque exclusivement aux véhicules de série.

En 1990, un accord scelle la coopération entre AMG et Mercedes-Benz et donne naissance à la marque Mercedes-AMG de sorte que les véhicules les plus puissants de la marque à l’étoile passent désormais chez AMG avec l’objectif de rivaliser avec les versions sportives de BMW -Motorsport- et d’Audi -Audi Sport. La demande s’accroît alors considérablement, notamment parce que les véhicules Mercedes-AMG peuvent être vendus et entretenus en concession Mercedes-Benz.

En 1993, la première collaboration "officielle" entre Mercedes et AMG donne naissance à la classe C 36 AMG type W202 réalisée sur une base de Mercedes-Benz C280 animé d'un 6 cylindres en ligne de 193 cv.  Les ateliers AMG en font un 6 cylindres de 3,6 litres développant 280 chevaux pour un 0-100 km/h avalé en 6,6 secondes. Ces performances sont si convaincantes qu'en 1996, la C36 AMG devient le Safety Car officiel du championnat du monde de Formule 1.

C36 AMG Safety Car

C36 AMG (W202)

C’est en septembre 1997 que la dénomination 55 AMG voit le jour, sur une classe E type W210. 

De nombreux modèles estampillés « 55 AMG » suivront. Tous sont animés par l’iconique bloc moteur V8 connu sous le nom de code M113. 

 

E 55 AMG (W210)

Le moteur M113

Parmi les moteurs à 8 cylindres qui ont fait la réputation d'AMG, l'un d'eux est connu pour sa robustesse et sa fiabilité : le M113.  Présenté en 1997 au salon de Francfort, il équipe tous les modèles  estampillés « 55 AMG ». 

Il s’agit d’un V8 atmosphérique à essence à combustion interne avec trois soupapes par cylindre et un double allumage. 

Produit de 1997 à 2011, il en existe trois versions : une version 4.3 litres (M113 43), une version 5.0 litres (M113 50) et la version 5.4 litres (M113 55). Cette dernière, nommée « 55 », affiche réellement 5439 cm3 de cylindrée et développe alors de 342 à 367 cv. Une variante suralimentée par compresseur « M113 K » (K pour Kompressor) permet d’obtenir des puissances supérieures allant de 469 à 574 cv. 

Moteur M113

Le M113 « de base »  est construit par Mercedes-Benz tandis que les versions AMG sont produites dans l’usine AMG à Affalterbach selon le principe « un moteur - un homme ». En effet, chez AMG, les moteurs ne sont pas construits à la chaine mais par une seule et unique personne qui appose sur le moteur une plaque avec son prénom, son nom et sa signature lorsque le chef d’œuvre est fini d’assembler ! 

Technicien assemblant un moteur M113

En 2003, la presse spécialisée rend hommage à la marque en décernant le titre « Engine Of The Year » (moteur de l’année) à la version compressée du M113.

Moteur M113 exposé au musée Mercedes-Benz de Stuttgart - Moteur de l'année 2003 

Les modèles badgés « 55 AMG »

Depuis son lancement en 1997, les M113 et M113K équipent les modèles suivants :

• C 55 AMG 
• SL 55 AMG 
• E 55 AMG 
• S 55 AMG 
• CLK 55 AMG 
• CL 55 AMG 
• CLS 55 AMG 
• ML 55 AMG 
• G 55 AMG 
• SLK 55 AMG 

Caractéristiques techniques de certains modèles « 55 AMG »

Modèles	C 55	C 55	SL 55	SL 55	E 55	E 55	S 55
Moteur	M113	M113	M113	M113K	M113	M113K	M113
Type	W202	W203	R129	R230	W210	W211	W220
Année fabrication	1998-2000	2004-2007	1999-2001	2002-2008	1997-2002	2003-2006	2000-2002
Puissance	347 cv à 5500 tr/min	367 cv à 5750 tr/min	354 cv à 5500 tr/min	500 cv à 6100 tr/min	354 cv à 5500 tr/min	476 cv à 6100 tr/min	360 cv à 5500 tr/min
Couple	510 Nm	510 Nm	530 Nm	700 Nm	530 Nm	700 Nm	530 Nm
0-100	5,5 s	5,2 s	5,9 s	4,7 s	5,7 s	4,7 s	6 s
Vmax	250 km/h	250 km/h	250 km/h	300 km/h	250 km/h	250 km/h	250 km/h

Modèles	S 55	CLK 55	CLK 55	CL 55	CL 55	SLK 55	CLS 55
Moteur	M113K	M113	M113	M113	M113K	M113	M113K
Type	W220	W208	W209	W215	W215	R171	W219
Année fabrication	2003-2006	1999-2002	2002-2006	2000-2002	2003	2004-2010	2004-2006
Puissance	500 cv à 6 100 tr/min	347 cv à 5500 tr/min	367 cv à 5750 tr/min	360 cv à 5500 tr/min	500 cv à 6100 tr/min	360 cv à à 5750 tr/min	476 cv à 6100 tr/min
Couple	700 Nm	510 Nm	510 Nm	530 Nm	700 Nm	510 Nm	700 Nm
0-100	5,7 s	5,8 s	5,2 s	6 s	4,8 s	4,9 s	4,7 s
Vmax	250 km/h	250 km/h	250 km/h	250 km/h	250 km/h	250 km/h	250 km/h

Quelques modèles « 55 AMG » emblématiques

E 55 W210

La Mercedes-Benz E 55 AMG est la première à recevoir le moteur M113 en 1997. Le V8 développe alors 354 cv pour un couple de 530 Nm. Il permet d’obtenir de rapides accélérations : le 0 à 100 km/h est expédié en 5,7 secondes.  Pour absorber ce couple énorme, la E55 AMG bénéficie d’amortisseurs raffermis et de barres stabilisatrices renforcées. 

Au restylage de 1999, le badge E55 est également apposé sur la version break E pour concurrencer l’Audi RS6.

En 2003, la classe E type W211 55 AMG voit sa puissance portée à 476 cv.

E 55 AMG (W210)

E 55 (W210) Break

SL 55 R129

Il s’agit certainement du plus rare des modèles 55 AMG puisque le SL 55 R129 a été produit à 65 exemplaires seulement. Un rarissime collector ! 

En 1989, la R129, dessinée par l’équipe de Bruno Sacco, succède à l'éternel R107. Sur le plan esthétique, la R129 est une parfaite réussite : elle s’apprécie autant décapotée que recouverte de son hard-top. Elle est dotée d’un arceau escamotable dont le relevage s’effectue en 3 dixièmes de seconde en cas de retournement du véhicule. 

A sa sortie, deux motorisations sont proposées en France : 300 SL 24 avec un 6 cylindres 24 soupapes de 231 cv et le 500 SL doté d’un V8 de 326 cv. En 1992, la gamme est complétée par le 600 SL avec un  V12 6.0 litres de 395 cv. En 1999, AMG greffe finalement le bloc moteur V8 M113 affichant 5.4 litres de cylindrée et développant 354 cv.

SL 55 AMG (R129)

CLK 55 W208

En 1999, le CLK hérite lui aussi du badge 55 AMG. Basé sur le châssis de la classe C W202, il reçoit des boucliers plus sportifs, des bas de caisses spécifiques, des jantes AMG 17 pouces, un échappement sport et un châssis légèrement abaissé. Les performances sont au rendez-vous : 347 cv, 510 Nm de couple et un 0 à 100 km/h avalé en 5,8 secondes. 

En 2002, le moteur M113K, suralimenté par compresseur, est greffé sur le CLK type W209 dont la puissance passe alors de 347 à 367 cv. Ces performances lui valent de servir de Safety Car pour le championnat du monde de Formule 1 à partir de 2003. 

CLK 55 AMG (W208)

CLK 55 AMG (W208) cabriolet

CLK 55 AMG (W209) Safety Car en 2003

SLK 55 R171

Présenté au salon de Genève de mars 2004, le SLK 55 AMG emprunte le châssis de la classe C type W203. Le véhicule a été dessiné par Steve Mattin et sa face avant est fortement inspirée du fameux SLR MacLaren. Son look est « agressif » avec son long capot, l’étoile imposante qui trône au milieu de la calandre et son pack carrosserie spécialement préparé dans les ateliers d’Affalterbach : spoiler avant, écopes d’air latérales, bas de caisse spécifiques et le bouclier arrière qui accueille un échappement composé de deux doubles sorties ovales.  A bas régime, en mode cruising, le SLK 55 émet une jolie sonorité rauque. A haut régime, la poussée des 360 cv est impressionnante et la sonorité devient métallique. Le 0-100 km/h est abattu en 4,9 secondes. 

En 2004, le SLK 55 AMG devient lui aussi  Safety Car en Formule 1. 

Au total seuls 9541 SLK 55 R171 ont été produits entre 2004 et 2011.

SLK 55 AMG (R171)

SLK 55 AMG (R171) - Safety Car en 2004

CLS 55 W219

Dans le cadre de sa politique d’élargissement de sa gamme, Mercedes-Benz lance en 2004 la CLS type W219. Il s'agit d'un concept nouveau de berline-coupé 4 portes (et 4 places) se situant entre le segment de la classe E (routière) - dont elle partage la plateforme - et celui de la classe S (berline de luxe). 

AMG retravaille alors ses trains roulants en réutilisant ceux du SL et lui greffe le V8 suralimenté par compresseur (M113K) développant 476 cv et 700 Nm de couple ! Sa ligne est à couper le souffle : élancée, féline, une partie arrière magnifique. Elle ne laisse pas indifférent.  Ses deux doubles sorties d’échappement lui donnent une touche sportive.  

CLS 55 AMG (W219)

Auteurs de l'article : Alain LEMERCIER et Arnaud HALLEY